Légende photo : Jean-pierre Princen (à droite) : table ronde Soil Carbon, Soil Health,Pavillon france Cop30.
Cette année, à la COP30, une idée s’est imposée avec une clarté nouvelle : sans sols vivants, aucune stratégie climatique ne tient. Au cœur de l’enjeu, deux tables rondes organisées avec l’Initiative internationale 4 pour 1000 ont donné la parole à ceux qui travaillent le plus près des solutions : les agronomes, les chercheurs, les entreprises engagées… pour porter la voix des agriculteurs eux-mêmes.
Gaiago y a porté un message précis : restaurer le carbone du sol n’est pas un indicateur abstrait. C’est une transformation agronomique mesurable, immédiate et déterminante pour la résilience alimentaire mondiale.
Carbone du sol : la preuve par les chiffres
Gaiago a présenté des résultats de terrain qui interpellent.
Dans les parcelles engagées dans le programme Gaiago Carbone, une accumulation moyenne de 3,1 tonnes équivalent CO₂ correspond à 0,85 tonne de carbone organique réellement stabilisé. Concrètement : 1,5 tonne de matière organique nouvelle pour chaque hectare. Une masse qui change tout.
Cette matière organique, une fois intégrée dans le complexe argilo-humique, reconditionne la structure du sol. Les agrégats deviennent plus résistants, la battance recule, la portance progresse. L’eau circule différemment, aussi : selon les textures, chaque tonne de matière organique augmente la réserve utile de 5 à 8 m³ par hectare, donnant aux cultures un temps précieux face aux excès comme aux déficits hydriques.
En parallèle, la biologie du sol s’active. La biomasse microbienne croît, l’activité enzymatique s’intensifie, la macrofaune améliore la porosité, les cycles des éléments deviennent plus fluides et mieux régulés. La fertilité s’exprime de manière plus régulière, limitant les pertes nutritives et renforçant l’efficacité des intrants.
Parmi les leviers identifiés, le prébiotique Nutrigeo a retenu l’attention. En stimulant la microflore, il accélère l’humification et amplifie les bénéfices agronomiques liés à l’augmentation de matière organique. Pour les agriculteurs engagés, ce « déclic biologique » marque le retour d’un sol qui fonctionne.
Santé des sols : un enjeu global qui se joue au niveau local
La seconde table ronde, Soil Carbon, Soil Health, pilotée par 4 pour 1000, a élargi la réflexion. Le consensus était clair : préserver les stocks de carbone avant de chercher à les augmenter, reconnaître la multifonctionnalité de l’agriculture, replacer les agriculteurs au centre, reconnecter cultures et élevage, et assurer des financements durables.
Toutes les interventions convergent : les solutions techniques existent, mais les moyens financiers manquent. Dans les zones vulnérables, la transition stagne faute de modèle économique solide. Le financement reste le principal obstacle des trajectoires agroécologiques.
C’est précisément sur ce point que le programme Gaiago Carbone apporte une réponse concrète : mesurer, certifier et rémunérer les agriculteurs pour les tonnes de carbone réellement séquestrées. Ce mécanisme transforme une externalité positive en revenu direct, et rend la régénération des sols économiquement viable.
La question climatique n’est pas détachée de la terre. Elle y est enracinée. Restaurer la matière organique, activer la biologie, renforcer la résilience hydrique : ce sont les mêmes gestes qui permettent de nourrir la planète et d’atténuer le changement climatique.
La régénération des sols n’est plus une idée. C’est un mouvement. Et à Belém, nous espérons lui avoir permis de gagner en force, en preuves et en détermination.







